Mai ne dure pas toujours, d'Eugène Goubert.

Le mois de mai ne dure pas toujours.

Recueil : Les rêves et sentiments (1880)
Le soleil est brillant, l'air est pur et limpide,
L'hirondelle vole à son nid,
Le chant des passereaux, hymne d'amour timide,
Aux concerts du printemps s'unit.

Le fleuve voit briller sa surface azurée
Qui paraît un ruisseau des deux,
Où vient se contempler la vapeur éthérée,
Nuage pur et gracieux.

Tout est nouveau, la fleur, le gazon, le feuillage,
Et même encor les charmants nids...
De ceux de l'an passé si remplis de ramage,
Tous les hôtes se sont bannis.

Déjà tout resplendit d'amour et de jeunesse,
Des premiers bonheurs l'on jouit,
Et le ciel nous apprend dans sa grande sagesse
Les molles douceurs de la nuit.

Jeune fille, qui lis ces bien modestes rimes,
Profite de tes heureux jours,
Goûte de ton printemps les plaisirs légitimes,
Car Mai ne dure pas toujours.

Profite du printemps d'amour et de jeunesse
Que ton bon ange t'a laissé ;
Le temps te montrera que les oiseaux sans cesse
Quittent les nids de l'an passé !


Eugène Goubert